Paris 2024 : le programme des épreuves de natation modifié pour tenir compte de la polyvalence inédite de Léon Marchand

C’est ce qu’on appelle un problème de riche. Triple champion du monde en titre sur 400 m 4 nages, 200 m 4 nages et 200 m papillon, Léon Marchand sera l’un des athlètes français les plus attendus aux Jeux olympiques de Paris (du 26 juillet au 11 août). Or, ces derniers mois, le nageur a posé un casse-tête inédit à la Fédération internationale de natation (World Aquatics) car sa polyvalence se heurtait au calendrier initial des épreuves de natation.
S’il se qualifie pour la grand-messe olympique lors des championnats de France à Chartres (du 16 au 21 juin), le Toulousain devrait, comme à son habitude, lancer l’équipe de France avec sa course fétiche, le 400 m 4 nages (dont il détient le record du monde), le dimanche 28 juillet. Il a aussi depuis longtemps coché à son agenda le jeudi 1er août, jour des séries et des demi-finales du 200 m 4 nages, ainsi que le vendredi 2 août (finale).
Il y a encore quelques jours, une autre difficulté s’ajoutait à son planning très chargé : le mardi 30 juillet devait voir s’enchaîner le matin les séries du 200 m brasse et du 200 m papillon… puis le soir les demi-finales des deux épreuves. Les deux finales étant programmées le 31 juillet, à quinze minutes environ d’intervalle. Une mission quasiment impossible même quand on s’appelle Léon Marchand, qui risquait d’hypothéquer ses chances sur les deux courses ou d’avoir à en privilégier une.
La Fédération française de natation (FFN) a pris les choses en main en exposant la problématique à World Aquatics avant même la tenue des Mondiaux de Fukuoka, au Japon, à l’été 2023. « On a demandé à ce que l’une des deux épreuves soit programmée au début de la session et l’autre vers la fin, explique le directeur technique national (DTN), Julien Issoulié. On s’y est tous mis, Bowman [l’entraîneur américain de Marchand] a eu la même discussion que nous avec World Aquatics. »
« La Fédération internationale n’avait jamais rencontré ce problème car jusqu’ici, aucun nageur de très haut niveau n’avait enchaîné le 200 m brasse et le 200 m papillon, poursuit Julien Issoulié. Ils ont réfléchi au sein du comité technique, on a tout fait pour leur faire prendre conscience que ce serait bien de décaler les épreuves. »
Le message a été entendu. Le DTN a reçu la bonne nouvelle du Cojo – le comité d’organisation qui valide officiellement le programme pour les Jeux – le 7 février. Le 30 juillet, le 200 m papillon et le 200 m brasse se disputeront à une heure environ d’intervalle. L’une des demi-finales sera programmée vers 20 h 40 et l’autre vers 21 h 40. « Le programme, on l’a optimisé, si ça peut le faire tant mieux. Il ne gagnera peut-être pas tout, mais s’il arrive à faire deux médailles sur ces deux courses, ce sera quand même exceptionnel », insiste le DTN.
Les planètes sont désormais alignées. Léon Marchand disputera-t-il avec certitude les deux épreuves ? Co-entraîneur du Français avec Bob Bowman, Nicolas Castel préfère garder le suspense : « Effectivement, ça pourrait changer la donne mais pour le moment, nous gardons cette question en suspens, élude-t-il, jouant la prudence sur la programmation définitive de son poulain. On sait très bien comment ça se passe : si on dit qu’il fait quatre courses [individuelles] et que finalement on ne l’aligne pas sur une d’entre elles, on va entendre “Léon ne va pas bien”. La stratégie, c’est qu’il soit qualifié partout, mais on se laisse le choix jusqu’au dernier moment. »
Sur les dix jours de compétition, Léon Marchand pourrait aussi s’aligner sur des relais. Petit hic : le 4 × 200 m nage libre auquel il a pris part à Fukuoka (la France a terminé au pied du podium) est programmé le 30 juillet… dans la foulée du 200 m brasse. Avec la locomotive de l’équipe de France de natation, un problème peut en cacher un autre.
Elisabeth Pineau
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