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Suicide d’Evaëlle : le parquet requiert un procès pour l’enseignante et deux adolescents

Procès en vue dans l’affaire Evaëlle, cette collégienne de 11 ans qui s’est suicidée par pendaison, le 21 juin 2019 au domicile familial, après avoir été victime de harcèlement scolaire au collège Isabelle-Autissier d’Herblay (Val-d’Oise). Dans un réquisitoire définitif daté du 12 février, dont Le Monde a pris connaissance, le parquet de Pontoise a demandé le renvoi devant le tribunal correctionnel de Pascale B., enseignante de français, pour « harcèlement moral sur mineur de 15 ans » à l’encontre d’Evaëlle Dupuis et de deux autres élèves.
Le parquet a également requis le renvoi de deux adolescents de 16 ans, également mis en cause pour ces mêmes faits présumés, devant le juge des enfants. En revanche, le ministère public a demandé un non-lieu concernant un autre camarade de la collégienne, lui aussi mis en examen.
Le réquisitoire de quarante-cinq pages revient sur les auditions menées dans le cadre de cette information judiciaire, au cours desquelles l’ensemble de la communauté éducative des deux collèges fréquentés par Evaëlle a été interrogé : celui où le harcèlement a eu lieu, puis celui où elle a effectué la fin de son année de 6e jusqu’à son suicide. Les accusations de harcèlement envers la professeure – entrée dans l’éducation nationale en 1987, mise en examen en septembre 2020 et actuellement interdite d’enseigner à des mineurs – à l’encontre d’Evaëlle y sont corroborées par « la quasi-totalité des élèves de la 6e E » où elle était scolarisée entre septembre 2018 et février 2019, résume le procureur de Pontoise.
Il est notamment reproché à Pascale B. d’avoir « pris en grippe » Evaëlle en tout début d’année, des faits considérés comme le « catalyseur » d’un comportement qui s’est ensuite généralisé aux élèves, écrit le parquet.
Une deuxième phase de harcèlement de la part de ses camarades semble avoir démarré à l’automne, et culminé dans deux épisodes de violence : d’abord le 6 février 2019, lorsque Evaëlle a été poussée devant un bus par un camarade, puis le 14 février, où elle a été brutalisée dans la cour de récréation devant de nombreux témoins. Les deux camarades, pour qui le parquet demande un renvoi devant le juge des enfants, sont mis en cause dans ces deux épisodes.
A la même période, l’enseignante de français, « insensible à l’isolement d’Evaëlle Dupuis parmi ses pairs », selon le parquet, a « cru judicieux » d’organiser, à deux reprises, des « heures de vie de classe » pour évoquer le harcèlement vécu par Evaëlle. « Cette dernière avait dû s’expliquer devant toute la classe sur ces faits, subissant les remarques des autres élèves », a assuré la famille venue déposer plainte en février 2019. Plusieurs camarades ont raconté ces deux séances, manifestement vécues comme un supplice par Evaëlle, l’enseignante lui « intim[ant] d’arrêter de pleurer », selon le parquet.
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